0s | Un an après mon installation au Canada, |
2s | j'avais trouvé un travail très facilement |
4s | où j'avais un peu gardé mes habitudes à la française, on va dire. |
7s | Je m'approchais tout le temps vers mes collègues pour leur faire la bise |
9s | et c'est là où je trouvais qu'il y avait quand même un blocage |
12s | envers les gens, |
13s | où ils se retrouvaient en fait à me repousser |
16s | en disant: « Mais qu'est-ce qu'il lui arrive à vouloir me faire la bise? » |
19s | En France, j'avais l'habitude de faire la bise à mes collègues. |
22s | J'avais l'habitude, en fait, de faire des accolades, |
25s | des embrassades, souhaiter joyeux anniversaire par exemple. |
28s | Au Canada, les relations, en fait, entre collègues ne sont pas aussi rapprochées. |
32s | Et ça, ça m'avait valu un petit passage au bureau des ressources humaines, |
36s | parce que j'étais un peu trop tactile ! |
39s | Ce qui m'a vraiment surpris, |
41s | c'est cette histoire de tatouage. |
44s | J'ai rencontré un monsieur dans un autobus. |
47s | Son nez était percé, sa bouche était percée, tout était percé. |
51s | Des piercings ! |
53s | Il avait donc des tatouages un peu partout. |
55s | Et, à ma grande surprise, il est venu s'asseoir juste à côté de moi. |
61s | Je me dis : "Attends, dans quel monde je suis donc ?" |
64s | Chez moi, en Côte d'Ivoire, quand tu vois quelqu'un, n'est-ce pas, |
68s | qui a des piercings, qui a des tatouages sur lui, |
71s | on le compare tout de suite à un délinquant, à un drogué, |
75s | une prostituée, quelqu'un qui a une mauvaise vie. |
78s | Mais ici, je vois que vraiment beaucoup de personnes sont vraiment tatouées, |
83s | et puis, bon, ça ne dit rien. |
85s | Ici, le fait que je sois une maman monoparentale |
90s | avec un enfant de bientôt 9 ans, |
92s | et pouvoir gérer la famille et l'aspect professionnel, |
96s | et pouvoir subvenir aux besoins de mon fils, |
99s | ça, ici, c'est vu comme une personne forte qui est capable de gérer les choses. |
104s | Donc, comme une super woman en fait. |
107s | Par contre, dans mon pays, |
109s | ça, ça voudrait dire que j'ai pas pu garder mon mariage, |
113s | j'ai échoué quelque part dans ma vie. |
115s | Ici, j'ai pas cette pression de la société et c'est très bien vu ici. |
122s | Je me rappelle encore, lorsqu'on allait dans les clubs |
124s | et puis on voit une femme avec la robe de mariée, |
128s | on se pose la question: « Mais pourquoi cette femme se promène avec ses amies partout ? » |
132s | On dit : « Ben non, parce qu'elle va se marier, |
134s | donc c'est une façon de dire adieu au célibat. » |
137s | Et le jeune garçon aussi, de son côté aussi, ses amis l'emmènent partout. |
142s | Mais je regarde ça par exemple au Congo ou en Afrique d'une manière générale, |
145s | le jeune homme et la jeune femme, |
147s | ils sont surveillés, on fait attention qu'ils soient pas tout seuls. |
151s | Pour éviter que quelque chose arrive avant le mariage, |
153s | ben, on essaye de les protéger le plus possible, |
156s | d'où le côté beaucoup plus sérieux. |
157s | C'est pas dans les bars qu'on va trouver la protection spirituelle des deux mariés ! |
163s | Par rapport à la culture canadienne, |
165s | il y a certaines choses qui me surprennent. |
167s | Le regard. |
169s | Chez nous, l'éducation parentale, et même à l'école, |
173s | on ne doit pas trop fixer les gens dans les yeux, |
176s | surtout les personnes supérieures, et c'est un signe de non-respect. |
179s | Mais ici, c'est un signe de sincérité et de crédibilité. |
184s | J'ai eu cette expérience lorsque je me suis rendu à l'audience |
188s | auprès du commissaire de l'immigration. |
190s | Il faudrait, quand on parle, regarder dans les yeux. |
193s | Les yeux sont les miroirs de l'âme. |
196s | C'est un aspect psychologique. |
198s | Si on ne fixe pas droit dans les yeux la personne à qui l'on parle, |
202s | c'est que, un, on la méprise, |
204s | ou, deux, on n'est pas certain de ce qu'on dit. |